Originaire de l’Anjou et titulaire d’un doctorat en Histoire de l’art, Laurent Fièvre est un peintre autodidacte qui vit depuis plus de 20 ans en Bretagne. Son travail est aujourd’hui exposé en France et à l’international.
Née d’un travail sur l’expressivité, sa démarche vise en premier lieu à provoquer. Au moyen de thèmes figuratifs, il aiguise les sentiments, déclenche des émotions, suscite des réactions, pour mettre le spectateur face à sa propre condition. Il exploite ouvertement des thématiques macabres afin de bousculer, d’engager une réflexion sur le parcours souvent accidenté de la vie. « Chacun y trouve sa propre histoire, ses propres limites, ses handicaps et imperfections ».
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Comme pour contrebalancer la dématérialisation omniprésente dans notre environnement actuel, la matière acquiert une place très importante dans ses créations. Il utilise dans ses œuvres des éléments comme le papier de soie afin d’obtenir un réalisme plus abouti de la peau. Les filaments de corde lui permettent de recréer certaines formes organiques naturelles au même titre que le plâtre et l’enduit rappellent la pierre. Parfois, au milieu de ces jeux de textures, l’artiste se plaît à incorporer des éléments insolites : tissus déchirés, circuits électroniques de téléphones portables, bijoux ou clous rouillés.
Le sentiment de manque se dégage prioritairement dans l’oeuvre de Laurent Fièvre. Il l’exprime en amputant ses personnages, en leur retirant des sens comme la vue, la parole ou le toucher. Son but est de faire entrer en résonance les sentiments provoqués. En débusquant l’essence même de l’humanité, par le geste et l’expression de ses mutilés, il parvient à raviver des regards éteints, à dégripper des mouvements figés, à prononcer des mots inexprimables.
Beaucoup ne pourrait y voir que la peur de la mort ou qu’un aspect macabre et douloureux. Pourtant, une fois les premières appréhensions dépassées, force est de constater que c’est la vie qui, en réalité, est au centre de son travail.
Dans le cadre de ses recherches artistiques, l’artiste multiplie les collaborations, notamment avec les photographes américains Matt Lombard et John Santerineross, ainsi qu’avec l’artiste peintre lorientaise Natalie Lanson. Il est par ailleurs le créateur de la « Fever Skull » une bague en argent.
Depuis peu, ses peintures se retrouvent en couverture de romans noirs (James Osmont) et illustrent des pochettes d’albums de musique (Psyche). Enfin, son travail et son parcours ont fait l’objet d’une monographie en 2016 intitulée « L’intimité partagée », publiée aux Editions Jacques Flament.